Quand les objets s’animent…à l’envers!

La nuit du monde à l'enversAvez vous déjà vu un escalier parler? C’est loin d’être vrai n’est-ce pas? Mais Elizabeth Ewombè-Moundo  a réussi à lui donner verbe et vie. Comme lui, de nombreux autres inanimés dans le monde réel sont mis en scène dans ce roman de 146 pages, édité aux éditions Panafrika. Le livre tire son inspiration des rites traditionnels du Ngondo, tels qu’ils se pratiquaient il y a quelque temps, dans son sens originel. Ne vous y trompez pas, c’est loin d’être l’histoire du Ngondo qui y est raconté.

Le roman se construit autour de thématiques toujours d’actualité que sont les modes de vie des immigrés africains dans les pays occidentaux. Des peurs qu’ils ont très souvent d’exposer leurs habitudes alimentaires et vestimentaires de peur d’être taxé de moins que rien. Des difficultés quotidiennes de celui qui ne se sent pas totalement chez lui dans ces lieux-là. Bien plus encore, le livre permet aux uns et aux autres de purger leurs passions, leurs non-dits, leur moi intérieur dans une catharsis fantastique.

L’œuvre dElizabeth Ewombè-Moundo, je vous le conseille vivement pour sortir de votre train-train habituel. L’écrivaine est fonctionnaire internationale, anthropologue et psychopathologue, avec une vingtaine d’années d’exercice à l’UNESCO. Bonne lecture!

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Extrait:

« L’horloge de l’hôtel de ville venait de sonner minuit inaugurant la nuit du monde à l’envers. Des tonnes de carton pâte pour les chars, des kilos de peinture pour les décors; il n’y avait plus un bout de tissu disponible dans tout Bidonville et alentours. Les couturières avaient travaillé sans relâche, rivalisant d’originalité avec les confrères tailleurs. Les troupes faisaient leur entrée. Un vacarme assourdissant envahissait la ville. Les tambours résonnaient de part et d’autre de la paisible cité. Des hommes, travestis, explosaient comme des rires alors que les nuages s’éclipsaient discrètement, cédant la place à une lune pleine et lumineuse. Nul ne savait d’où venait le rythme mais il était endiablé. Un mannequin en carton pâte, roi ubuesque, déclamait du haut de son char bariolé:
Je suis Sa Majesté carnaval
Je suis né en Chaldée
A Bab-Ilu « la porte de Dieu »
De minuit à minuit
Je suis le maître absolu
L’ordre du monde est inversé … »


Elizabeth Ewombè-Moundo, La nuit du monde à l’envers, Editions Panafrika, Dakar, 2009, 146 pages, prix: 5.000 F.CFA

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